CHAPITRE 6 :
Doutes
POV Victoire
Toute cette effervescence me donnait le tournis : décidément cette conférence était placée sous le signe de l'émotion, et surtout du grand n'importe quoi.. Papa restait sur scène, sans bouger, raide comme un piquet avec son air d'ahuri, désemparé devant l'agitation apparente, tandis que Sacha se laissait électrocuter tranquillement par son Pikachu, lui ayant demandé un "petit coup de jus" pour avoir les idées claires... Entre lui, l'autre docteur Pokemon qui se proposait limite d'accoucher Ondine sur le terrain et Max qui lui tirait l'oreille comme un papa, ça commençait à faire beaucoup trop de fous furieux...
Mais je mettais ça sur le compte de la situation d'urgence : je me souvenais clairement de la naissance d'Oliver, ou plutôt de maman qui se tordait de douleurs et jurait comme un charognard, et franchement ça poussait à la panique, même si dans le cas de papa, son délire du match déguisé en inspecteur le Blanco n'était pas vraiment justifié...
POV Satine
Le match était désormais fini. Les Staross avaient évidemment écrasé ces nullos d'Elekteks comme de vulgaires Apitrini, et maman avait accepté qu'on fasse la queue pour que je puisse faire dédicacer les photos de mes joueurs préférés... jusqu'à ce qu'elle râle parce que c'était trop long.
"-Ces IMBECILES se prennent pour des rockstars, et je REFUSE de m'enraciner dans cette file d'attente remplies de ringards en sueurs mal fagotés : on s'en va!"
Alors on était partis. Je faisais un peu la tête, même si c'était vrai qu'on aurait du attendre encore des heures et que j'avais faim mais... mes autographes alors?.! Ca s'voit que maman n'avait jamais été fan d'autre chose qu'elle même! Tant pis, je comptais sur la prochaine fois : papa serait là, et je savais qu'il voudrait bien attendre avec moi, LUI! Enfin bref. Après avoir bien regagné le pick up, on avait tous faim, et comme la tradition d'après match c'était de manger au fastfood, maman avait appelé papa pour savoir si Vic, Oli et lui avaient mangé, histoire de savoir si on ramenait à emporter ou pas. Ma soeur avait confirmé, alors on était passé au KFC chercher des boites de tenders, des frites et des bouteilles de Peps'O'Max. Arrivés au drive, c'était le fils d'un copain de travail d'oncle Miaouss qui nous avait servi, de c'fait il nous avait offert les boissons et des sauces en plus, entre deux blagues potaches. Puis on était rentré. J'avais mis mes écouteurs, j'écoutais les One Direction en m'imaginant dans un clip comme j'aimai bien le faire, lorsque j'avais baissé le son en entendant Maman et Miaouss parler sur le chemin, à propos de "morveux", qu'ils avaient hate d'en savoir plus et qu'ils allaient en parler ce soir en privé. J'avais complètement coupé le son, à l'affut de ragots croustillants, et j'avais entendu des brides, comme quoi "ils" étaient toujours dans leurs pattes et que papa avait vraiment trop la poisse de les recroiser après tant d'années, mais qu'il le cherchait bien parce que c'était "une bonne poire" et qu'il attirait les ennuis comme un Magnéti. J'avais rien osé dire parce que je n'comprenais pas tout, et surtout parce que j'étais pas sensée entendre, enfait, même si j'avouais quand même que parfois, papa faisait vraiment des trucs débiles... Mais de quoi ils parlaient? Pendant le match, oncle Miaouss avait reçu un message bizarre, serait ce possible qu'il soit arrivé quelques choses pendant la conférence?... Maman passait plus son temps à se regarder dans le miroir du rétro et à piquer des frites dans le sachet qu'à regarder la route, alors je n'pouvais plus rester cool, j'avais peur qu'on finisse dans le ravin, ou pire, qu'on percute un Cerfrousse à cause du panneau de mise en garde... Et ils avaient changé de sujet en parlant du mariage de Mondo le week end prochain... Maman avait acheté sa robe lundi avec moi, et j'avais déjà hate d'y être, déjà parce que j'adorais être belle et bien habillée, et surtout parce que j'aimais bien les mariages. Puis Miaouss et maman étaient parti sur le sujet du premier mariage de Mondo. Apparemment, il s'était marié trop jeune la fois d'avant, et il avait eu sa soirée un peu gâchée, mais maman avait dit que c'était tant mieux, parce que la mariée n'était qu'une "pauvre cruche jalouse"... Enfin quoi qu'il en soit, on avait fini par arriver à la maison, et en même temps que papa...
POV Victoire
"-Allez, on est arrivé mon ange, viens voir papa..."
"-Mais moi ze vouyais... rester et de voir... de dessanimé à la télé...
-C'est l'heure de casser la croute puis faire dodo trésor, on regardera demain..."
"-Alors ma puce, ce match?
"-C'est quoi ça? Qu'est ce que j't'avais dit Victoire?"
"-J'vous l'dis, j'ai l'impressiôn d'entendre Jezôbelle! Elle mô dit qu'si j'veux lo garde des ptits, j'ai qu'o apprendre l'ottaque Jackpôt pour m'payer un bon avocat..."
"-Je vois que tu n'as pas changé James, et que ta progéniture est à ton image... Ahahahahahah...."
Et aussi vite que la lumière, le repas s'était terminé tandis que maman était rapidement montée coucher mon frère...
POV James
J'avais réussi à me contenir tout le repas, mais une fois dans ma chambre, je m'étais avachi sur le lit, ne pouvant plus cacher mon émoi : les morveux, Hotch... Oh non tout c'la était bien trop bouleversant! Seigneur les morveux, on les avait cotoyé si longtemps et voilà que tout mon passé me revenait en plein visage, comme si j'avais replongé 20 ans en arrière, je pouvais presque sentir une décharge d'électricité parcourir ma colonne vertébrale et me faire décoller vers d'autres cieux, quelle horreur Sainte Marie mère de Dieu... J'avais tenté de faire monter Miaouss pour en discuter mais cet idiot avait des "coups de fil" à passer, mouais à d'autres, moi je savais bien qu'il devait avoir un rendez vous galant, et je... je... n'sais plus ce que ce pensais, voilà, Jessie était entrée dans la chambre et m'avait interrompu en pleine nostalgie en me parlant d'autres choses!!
"...et j'irai demain après avoir emmené Victoire chez l'autre petit nigaud avec son Fantominus à la mord-moi-l'noeud"
Le "petit nigaud"... Bon sang, si elle savait que c'était le rejeton de sa pire ennemie, elle serait meurtrie et folle de rage... Elle s'était assise derrière moi, m'enlaçant de ses longues jambes fuselées qui pourrait pervertir Arceus en personne, me massant les épaules, avant de glisser ses doigts filous sur mon torse, par dessous mon polo... Mais malgré la chaleur dégagée par son corps parfait simplement vêtu d'un maillot de baseball trop grand et d'une petite culotte contre moi, j'étais trop mélancolique pour m'adonner à une partie de jambes en l'air, ah c'était hors de question...! J'avais esquissé un petit frisson dans un sourire un peu penaud
"-Yiuh~.... T'as les mains froides..."
Jessie me connaissait par cœur, aussi elle avait quelques peu accentué son étreinte avant de déposer un petit baiser tout chaud dans mon cou, m'arrachant un nouveau frisson et un sourire un peu plus conciliant...
"-À quoi tu penses...?
- Au centre Pokémon de Jadielle..."
Elle avait étouffé un petit rire avant de me caresser le torse plus tendrement pour finir en une étreinte rassurante, déposant un autre baiser...
"-Ah oui, et je peux savoir pourquoi!?
- Oh je... pensais à la première fois qu'on les a vu, tu sais, les morveux... Ils avaient l'air tellement....
-Idiots?"
Jessie ne cessait pas ses caresses, et malgré mon humeur plutôt tristounette après une telle conférence, je devais reconnaître que c'n'etait pas désagréable... D'ailleurs une certaine partie de mon corps dont je tairais le nom s'était quelques peu réveillée... et voilà que je riais nerveusement
"- Inoffensifs! C'est ce jour là qu'on a eu l'coup d'foudre pour Pikachu...
- Laisse les jeux d'mots douteux au placard tu veux, ce soir c'est MOI qui vais te faire décoller vers d'autres cieux..."
Et elle avait commencé à me suçoter le lobe d'oreille de la façon la plus sexy au monde dont elle avait le secret tout en descendant sa main le long de mon ventre jusqu'à m...
"- Haaaahhamm...~ Mais non Jessie, j'... j'ai pas vraiment la tête à faire l'amour... Je suis bouleversé! Le morveux a eu un enfant avec la morveuse rousse tu t'rends compte..?!!!! Et le petit morveux à lunettes, il était si... si grand! On a rien vu v'nir!
-Ah oui?! Et qu'EST C'QUE tu veux qu'ça m'FASSE?! À moins qu'on doive lui changer ses couches culottes et lui laver les fesses, ce qui est hors de questions, je crois pas qu'ça nous concerne!
- A qui? Au morveux à lunettes?!...
-Mais non espèce de crétin, au bébé morveux! Et maintenant laisse moi faire... tu as pleins de noeuds, je vais t'masser...
-Ahh avec plaisir, cette conférence m'a éreinté! Tu les aurais vu Jessie, le grand morveux, l'original tu sais, celui qui suivait l'morveux partout avec ses yeux bridés et son affreux Cradopaud..."
Elle m'avait poussé d'un geste un peu brusque afin que je m'allonge sur le ventre avant de se placer à califourchon sur moi...
"-Mouais, et alors...?"
... tandis que je m'étais cambré au contact de ses mains glacées sur mon dos, après avoir entendu le bruit disgracieux du tube d'huile de massage qu'elle avait pressé dans ses mains
"-Hhhha... Et bien crois le ou non il a épousé une infirmière Joëlle, il a réussi Jessie, et ils ont même une morveuse... Tu t'rends comptes, il est si jeune! Enfin il était... si jeune... ils l'étaient tous et là c'était des adultes, ils étaient différents mais je les aurais reconnu les yeux fermés, ils étaient là!! C'est incroyable comme le temps passe vite, pour un peu je croirais qu'hier encore on était en train de les pourchasser et qu...
-RaaaAAAah, arrête de r'muer comme un Magicarpe hors de l'eau! Et puis j'vois pas en quoi c'est SI incroyable, tu croyais qu'ils auraient 10 ans toute leur vie?! Victoire va avoir 18 ans à la fin d'l'année, et ça c'est un VRAI coup d'vieux, ce p...
-Ehhhh mais doucement! Je n'suis pas une pâte à pizza, que diable!"
J'étais tellement DÉCU... Toute cette histoire ne semblait lui faire ni chaud ni froid!
"-Si tu m'laissais faire, t'aurais pas mal!
-Jessie DOUCEMENT BON SANG! T'as la poigne d'un Machopeur ma parole!
-Petite nature! Pour la peine c'est TOI qui va t'occuper d'moi! Le match m'a lessivée!
-Eh dis donc, c'n'est pas toi qui a joué tout d'meme! Et moi alors? Tu m'avais promis un costume de Delcatty!"
POV Clyde
POV Butch
POV Clyde
POV Butch
POV Clyde
POV Butch
POV Cassidy
POV Victoire
Tutututu tutututu tutututu. Dès l'entente de mon réveil, j'avais ouvert un œil en grommelant de concert avec Mangriffe et Phyllali, et je l'avais coupé avant d'enfouir ma tête dans l'oreiller : j'avais pas dormi de la nuit, trop occupée à faire des recherches sur le net à propos de la Team Rocket, et vu que ça n'avait rien donné de probant, j'avais fini par regarder une série sur Pokéflix jusqu'à pas d'heure. Jenny n'avait pas eu plus d'infos non plus, on avait discuté un peu après que je sois montée dans ma chambre, et tandis que Mangriffe baillait et que Phyllali se frottait les yeux de ses petites pattes, j'avais eu une prise de conscience...
"-Oh merde... J'dois aller chez Clyde!"
9h00 déjà, MERDEEEE! J'avais rassemblé tout mon courage et j'avais bondit hors de mon lit avant de descendre, encore dans le flou...
"-Coucou Sat'..."
J'avais lancé un bref coucou à ma sœur qui regardait "ContestTV" avec Feuforeve, Banshitrouye et Farfuret tandis que maman était au téléphone dans la véranda... J'avais baillé une énième fois en versant du café chaud dans une tasse, une GROSSE tasse remplie à ras bord afin de réveiller un peu...
"-Eh Vic, tu sais qui c'est toi, les morveux?! Papa a vraiment la poisse de les recroiser après tout ce temps...! 50 pokédollards et j'te dis tout c'que j'sais!"
Mon cœur avait fait un énorme bond lorsqu'elle avait parlé d'eux, des "morveux". Comment elle savait ça elle encore? Papa m'avait demandé de ne pas en parler, de nier en bloc, et je savais pertinemment que Satine n'achetait pas que moi dans cette maison, et qu'elle était prête à échanger des infos contre de l'argent de poche après de maman et même d'oncle Miaouss...
"-Hein, qui!? La seule morveuse que j'connaisse, c'est toi sale escroc, j'te donnerai pas un centime! Où est papa?"
Elle avait ricané avant de monter un peu le son de la télé
"-Mon offre est limitée dans le temps, à partir de mardi, ce sera 60 Pokédollards! Et il est dans sa chambre avec Oli
-Merci, je vais monter
- Hm! Ouais, et tant que t'y es, peigne toi les cheveux, tu ressembles à un Bouldeneu!
- Non mais laisse moi rire, en descendant j't'ai prise pour un Prédasterie avec ta tignasse pourrie!"
J'avais commencé à monter l'escalier en ricanant à moitié jaune lorsqu'elle avait surenchéri
"-ET PREND TA DOUCHE, TU FOUETTES LA MOUFOUETTE!
-Cette odeur de Miamiasme vient d'toi Satine, c'est a force de baver devant Drew comme un Ortide!
-VA T'FAIRE VOIR!"
J'avais dévalé l'escalier jusqu'en haut mais avant d'aller voir papa, j'étais d'abord passée par la salle de bain, sans cesser de me demander comment Satine avait pu obtenir ce genre d'infos... Je sentais que cette histoire allait me turlupiner pendant un moment, et qu'avant d'avoir eu des réponses je n'allais pas pouvoir prendre ça à la cool. Mais pour l'instant j'avais un problème pire encore : comment j'allais m'habiller pour aller chez Clyde? J'avais posé ma tasse sur mon lavabo avant de me regarder dans le miroir : un vrai Bouldeneu... Tout compte fait, j'allais peut-être me faire un masque d'huile de Noadkoko avant...
POV Jessie
RaaaaAAAAAAAAhhhaaAAaaa!!!!!!! J'étais en RAGE! Des l'matin, comme ça, sans ménag'ment, il fallait que cette VIEILLE PEAU DÉFRAÎCHIE téléphone pour ENCORE essayer d'nous amadouer! A d'autres! Et comme de par hasard, c'était moi qui avait décroché! Dans un sens Dieu merci, c'n'était pas cette bonne poire de James qui aurait eu l'bon sens de les envoyer valser, mou et naïf comme il est, il serait ENCORE tombé dans l'panneau... J'avais regagné ma chambre comme une furie en claquant la porte, rejoignant mon mari qui était encore de bonne humeur, ne sachant pas encore la GRANDE nouvelle... Il avait relevé son visage de crétin hébété vers moi entre deux bisous esquimaux à Oliver...
"-Qui c'était?
- Ta sorcière de mère"
"-Oh... Et qu'est-ce-qu'elle voulait?...
- Hopkins est mort."
POV James
En voyant débarquer Jessie dans mon tshirt de baseball bien trop grand pour elle, recouvrant à peine ses sublimes fesses rebondies moulées dans un petit short, des pensées peu convenables m'avait traversé l'esprit, puis mon fils m'avait remis les idées en place en tendant ses petites mimines vers moi... Impossible de jouer à criquon criquette avec lui sur les draps! Elle en tirait une tête, moi qui croyait qu'elle avait claqué la porte par pure indélicatesse comme à son habitude, je commençais à soupçonner ce coup de fil de l'avoir mise en rogne...
"-Qui c'était?"
Et à l'annonce de cette effroyable nouvelle, j'avais eu une sorte de sursaut cardiaque, ah j'vous l'dis, Jessie me tuera un jour à force de ne pas prêter attention à ma sensibilité et ma tension artérielle, BON SANG!!!! Elle n'avait décidément aucune charité, elle ne savait même pas annoncer un décès avec tact! J'étais resté muet comme un Magicarpe, ne sachant pas vraiment si j'étais triste d'apprendre la mort d'un homme que je connaissais depuis ma plus tendre enfance et qui avait toujours été... euh... je ne trouvais pas de mots à vrai dire... Je ne pouvais pas vraiment affirmer qu'il avait mauvais fond, après tout, il ne faisait qu'obéir aux ordres, ni vraiment sympathique puisqu'il m'avait tout d'même trahi et dupé à plusieurs reprises.. C'était vrai après tout, il ne m'avait jamais défendu, jamais prêté main forte, et pourtant je ressentais une certaine compassion pour lui, ce bon vieux feu-Hopkins... Et dire que je ne savais même pas quel âge il pouvait avoir, il avait toujours fait vieux, même quand je n'étais qu'un enfant... Peut être... 80 ans? 90 ans? Peut être... 100 ans? Par Arceus, un centenaire si monotone, sacrifiant la possibilité d'avoir sa propre vie pour servir ma famille, je ressentais encore plus que de la compassion tout compte fait, j'avais pitié pour ce pauvre bougre...
"-Seigneur... Mais que lui est-il arrivé...?"
Je me sentais tellement bizarre, comme si j'avais une boule dans l'estomac.. A moins que ce ne soit le Galifeu d'hier soir? Mais Jessie avait été bien moins touchée que moi... Elle s'était penchée sur le lit pour câliner Oli comme si de rien n'était!
"-J'en sais rien, il a clamsé cette nuit, comme ça, et bien moi j'te dis c'que c'est TANT MIEUX, c'est vrai! Il sera bien mieux loti six pieds sous terre qu'avec ces vieux tordus...
-Maman... on manze des crepo sucre avec de la cofiture apres..?
-Jessie! Tu n'as tout d'même pas dit ça à ma mère...?"
Quelle horreur, j'en tremblais...
"- On f'ra des crêpes au gouter chéri... Bin tiens, j'me suis gênée! Elle voulait qu'on vienne à l'enterrement, et puis QUOI ENCORE?! J'ai mieux à faire que d'aller pleurer un vieux croûton dégarni qui a eu une vie lamentable... On va déjeuner? Je meurs de faim!"
POV Victoire
Après avoir passé une bonne heure dans la salle de bain, j'avais fini par sortir et m'habiller avant de rejoindre le salon. Il était déjà presque 11h et j'avais franchement faim, surtout que ce que préparait maman sentait étrangement bon... C'en était louche car d'habitude, quand elle se mettait aux fourneaux, ça sentait plutôt le crâmé... J'avais pas trop envie de lui parler à la base, mais après réflexion, mes soupçons n'étaient pas vraiment fondés et puis, si je voulais en savoir plus, il fallait pas qu'elle se doute de quoi qu'ce soit... J'avais contourné la table et m'étais assise au bar, derrière elle...
"-Tu prépares quoi...?
-Italien! Du risotto aux champignons et tomates du jardin!"
Elle ne s'était même pas retournée vers moi, trop occupée à goûter son plat..
"-Ca sent bon. Tu as l'air de bonne humeur...
-Je suis d'humeur massacrante au contraire, j'ai mal dormi et ton père est au fond du gouffre...
-Qu'est ce qu'il a..?!!"
Ok, là ca rigolait plus. Si papa n'était pas bien, c'était forcément à cause de cette histoire, je SAVAIS que le père de Clyde était pas clair et lui avait fait un coup fourré hier soir!
"-Ce vieux fou d'Hopkins est mort et tu l'connais, d'un coup c'est comme s'il avait été son meilleur ami depuis 10 ans...
-Hein, QUI?"
J'étais rassurée, mais qu'à moitié.
"-Mais si, ce vieux larbin du manoir avec son crâne de noeunoeuf qui passait son temps à faire des courbettes!
-Haaaaahn... ouais peut être, mais il avait 120 ans aussi"
Pas de mensonges entre nous : j'étais rassurée, même carrément. C'était méchant c'est vrai, mais ce crouton n'avait jamais été sympa avec moi, en fait, c'est simple, j'avais JAMAIS été la bienvenue au manoir, toute cette bande de schnok m'avait toujours mise à l'écart, ma sœur était la seule à avoir des cadeaux pour Noël, des chocolats à Pâques, et tout ces trucs qu'on offre lors d'une fête de la part de mes grands-parents, et moi je n'avais jamais rien, nada, même pas une cacachuette ou un chewing gum, si ce n'était des réflexions au sujet de ma ressemblance physique avec maman, la "roturière mal élevée" qui avait "corrumpu et plonger dans le péché" leur "fils ingrat et dégoutant". Ils l'avaient toujours détesté, toujours, depuis le jour où papa était revenu au manoir avec elle enceinte de moi, les implorant de les aider et de faire quelques choses pour eux car ils ne s'en sortaient pas financièrement. Mais ils avaient été impitoyables, reniant totalement papa, ne le considérant même plus comme leur fils. Et pourtant avant la naissance de ma soeur ils avaient décidés d'être conciliants, de faire un effort suite au cancer de la prostate de mon grand-père. Ils nous avaient légué la maison, le terrain, et ils étaient venus voir maman à la maternité. Mais leurs "efforts" avaient des limites : ma soeur ressemblait à papa, et donc à "Grand-papa Georges", un ancêtre vénéré de la famille qui m'était totalement inconnu, mais maman et moi, on était toujours détestées. Ils réclamaient à papa de garder Satine afin de se "rattraper", et moi je n'avais même pas le droit de rentrer dans le manoir, même jouer dans les Magicarpes du cours d'eau m'était formellement interdit! Non mais sérieux, j'étais parquée dans la niche de Caninou qui habitait même plus là, comme une vieille Moufouette pendant que Satine jouait du violon, faisait de l'équitation, apprenait les bonnes manières avec des tuteurs qui lui faisaient des pâtisseries... Et cette vieille roubignole d'Hopkins était de leur côté à me tomber dessus si je bougeais le petit doigt alors forcément, j'allais pas le pleurer non plus...
"-Ah, voilà! Je vais laisser mijoter 20 minutes, et m'occuper de tes ch'veux, assieds-toi..."
Maman avait posé sa cuillère en bois sur la casserole, toute contente. J'avais obéit, lui donnant la brosse, un peu suspicieuse..
"-J'ai fait un masque mais ils sont indémélables...
-Comme si j'le savais pas... Tu sais que pendant très longtemps j'ai eu les cheveux en-dessous des fesses?"
Un sourire avide d'anecdotes au sujet de son passé avait fendu mon visage...
"-Comment tu veux que je le sache, y a aucune photo de vous avant ma naissance ici...
-Mais qu'est ce que tu racontes? Y a la photo de notre mariage sur le buffet, une vieille photo d'papa sur le frigo..."
J'avais levé les yeux au ciel
"-J'te parle de VRAIES photos... A croire que vous aviez pas pas de vie avant nous..."
En disant tout ça, je me demandais comment j'avais fait pour rester si longtemps dans le déni total : sérieux c'était vraiment trop bizarre!!!! Maman avait soit disant perdu toute sa famille dans un accident en montagne dans les Andes dont elle était la seule rescapée, ce que je trouvais déjà un peu bizarre, sans compter sur leur travail en commun avec les parents de Clyde dont on savait quasiment rien... Étant donné la rapidité avec laquelle elle avait changé de sujet, c'était désormais clair : mon investigation ne faisait que commencer...
POV Jessie
Je me sentais mal. Depuis que James m'avait parlé des morveux, j'arrivais plus à faire comme si de rien n'était, j'étais beaucoup trop soucieuse et... mal à l'aise? Un peu comme quand on vous ressort un anecdote gênante, vous voyez?! Jamais j'aurai imaginé que notre passé resurgirait un jour avec ce drôle de goût d'café froid resté dans une tasse en céramique pendant deux jours, je pensais que c'était derrière nous toutes ces idioties, que c'était fini, et que plus jamais ça nous causerait d'ennuis... Mais depuis ce matin, et encore plus maintenant que ma fille me posait mille et une question tel un agent Jenny à l'affût d'indices, je n'pouvais pas penser à autre chose qu'à ces sales petits morveux, à nos nuits blanches de plans de capture, aux robots qu'on construisait -enfin, que je les regardais construire-, à nos entrées en matières...
"Nous sommes de retouuuur!
- Pour vous jouer un mauvais tour...
-Afin de protéger le monde de la dévastation..."
D'ailleurs, est-ce c'était "protéger" ou... "préserver"? Je commençais à avoir la migraine à cause de toutes ces imbécilités, mais c'était déjà l'heure de quitter le canapé et d'emmener Vic chez cette espèce de petit crétin pompeux avec qui elle devait travailler...
"-On y va Victoire, met tes chaussures."
Une fois Oli fichu dans son siège auto et attaché, on était parti, mais j'vous raconte pas mon état, j'en venais à vouloir réouvrir cette vieille malle cachée dans le faux fond du placard qui contenait ce qu'il restait de notre ancienne vie, nos uniformes, des gribouillis, des photos, des souvenirs, les fragments de Pokéball de Papinox...
"-Ça va maman?...
-Hm.."
J'avais tellement la tête ailleurs que je regardais la route d'un air plus dépressif qu'un Smogogo. Non mais QU'EST CE QUE JAMES AVAIT EU D'ALLER À CETTE CONFÉRENCE, HM?! À cause de tout ça, on allait finir par griller notre couverture de vendeurs itinérants! Je me souvenais encore de nos longues conversations à propos du mensonges à inventer : on avait hésité entre ouvriers, restaurateurs, Mère Theresa pour une œuvre caritative... Bah quoi?! Fallait bien justifier nos voyages à travers tout l'pays! Ne croyez pas, je me sentais coupable de mentir à mes propres enfants comme des malpropres, mais après tout on n'avait pas l'choix! C'était ça ou leur dire qu'on avait poursuivit un Pikachu pendant des années dans une montgolfière rafistolée avec du scotch, vous auriez assumé vous?! Et bien VOILÀ, c'est bien c'que j'disais!
"Oui, oui, ça va..."
J'avais allumé la radio histoire de couper court à la conversation. J'avais pas vraiment envie de discuter, non pas que Victoire soit agaçante, mais en réalité... si, elle l'était. Ses questions un peu trop confidentielles, elle semblait avoir décelé quelques choses, et pour ce qui était de s'obstiner, je devais me rendre à l'évidence, elle avait prit ce trait de caractère imbuvable de James, évidemment! Quoi!? Comment ça j'étais d'mauvaise foi?! J'avais laissé échapper un soupir en entendant une chanson bidon commencer...
"Midnight, you come and pick me up, no headlights... Long drive, could end in burning flames or paradise..."
Trad : "Minuit, tu passes me prendre, pas de phares allumés... Longue route, qui peut se terminer dans les flammes comme au paradis..."
RaaaAAAh la musique actuelle n'était vraiment un ramassis de niaiseries pour midinettes écervelées... Où étaient donc passées les VRAIES femmes, fortes et libres?! Ça faisait bien longtemps que l'époque de Madonna était révolue! Et voilà que je commençais à penser comme une vieille aigrie, non mais décidément, rien n'allait aujourd'hui...!!! Victoire était silencieuse, jusqu'à ce qu'elle se mette à chantonner cette débilité... Ah non pas elle! On avait deja une adepte des boysbands à la maison, alors non, pas Victoire! Et dire que je remettais sur ses épaules l'avenir intellectuel de la famille entière, voilà qu'elle me trahissait elle aussi!! On ne pouvait décidément compter sur personne...
"-You got that James Dean daydream look in your eye... And I got that red lip, classic thing that you like... And when we go crashing down, we come back every time 'Cause we never go out of style, we never go out of style..."
Trad : "Tu as cette rêverie de James Dean dans le regard... Et j'ai les lèvres d'un rouge classique que tu aimes... Et quand on s'écrase, on revient à chaque fois, parce que nous ne serons jamais démodés, nous ne seront jamais démodés..."
J'avais soufflé au départ mais ces paroles m'avait fait un drôle d'effet, comme si j'avais mangé une baie avariée, je sentais mon cœur manquer des battements à mesure que cette idiotie semblait me connaître personnellement à l'époque de...
"You've got that long hair slick back, white t-shirt, and I got that good girl fate and a tight little skirt... And when we go crashing down, we come back every time 'Cause we never go out of style, we never go out of style..."
Trad : "Tu as ces longs cheveux coiffés en arrière, t-shirt blanc, et j'ai cette foi d'honnête fille et une petite jupe serrée... Et quand on s'écrase, on revient à chaque fois... parce que nous ne serons jamais démodés... nous ne seront jamais démodés..."
C'en était TROP! Je ne pouvais plus faire un geste sans que quelques choses me rappelle la Team Rocket ou les morveux maintenant?! Le reste de cette chanson de mes DEUX n'avait plus rien à voir, Dieu merci, mais cette petite impertinente reprenais le refrain sans cesse...
"You got that James Dean daydream, look in your eyes..."
J'avais souri niaisement, mais je m'étais très vite reprise : moi qui critiquait les midinettes, j'allais pas dev'nir ce genre de MEGERE à songer à son mari en minaudant, quelle horreur... Il n'avait pas changé depuis, toujours ce petit côté hagard... Tss. C'est vrai qu'il avait des rêves, enfin nos rêves à tous les trois à vrai dire... Je le revoyais, dans son uniforme noir, si heureux d'être promu à Unys...
"... and I got that red lip, classic thing that you like..."
Comme dirait Victoire, j'avais le "syndrome du Griknot", et autant vous dire que ça n'm'enchantait pas! Il faut dire que c'était vrai, James avait toujours aimé mon rouge à lèvres, et je savais qu'il l'aimait toujours. La première fois que j'en avais mis c'était au lycée, c'était Cassidy qui m'avait... prêté le sien... AH non pas cette greluche! Ça y était : je commençais à m'trouver mal! Je devais folle, la prochaine étape c'était l'hôpital psychiatrique...
"And when we go crashing down, we come back every time, 'cause we never go out of style, we never go out of style..."
J'avais eu envie de freiner, cette chanson commençait vraiment à M'AGACER et si j'avais eu l'interprète face à moi, autant vous dire que j'aurai pas hésité une seule seconde à lui envoyer un coup de MAILLET SUR LE CRÂNE À CETTE PETITE PETE SUFFISANTE! J'allais la retrouver moi, cette Taylor Swift, et elle allait voir de quel bois j'me chauffe, non mais! Comment savait elle tout ça, hm?! COMMENT POUVAIT ELLE SAVOIR QU'ON S'ENVOLAIT VERS D'AUTRES CIEUX CONTINUELLEMENT MAIS QU'ON N'ABANDONNAIT JAMAIS?! Néanmoins, c'est vrai que notre style, notre beauté et notre génie étaient intemporels et JAMAIS démodés...
"You've got that long hair slick back, white t-shirt, and I got that good girl fate and a tight little skirt..."
J'avais la nausée et beaucoup trop chaud tout à coup, elle connaissait même nos uniformes, c'était vraiment... trop!!! Mais co... comment? J'avais envie d'hurler, je ne pouvais plus bloquer les images dans ma tete, je nous revoyais distinctement, tous les trois, en train de faire des élucubrations près d'un feu... J'avais de si beaux cheveux laqués en arrière, et dire que James avait fini par m'avouer qu'il n'aimait pas, quel manque de goût! J'entendais presque Miaouss tenter de nous persuader... "Imaginez le Bôss..." Quel idiot. "...et vous savez c'qu'il dirô?! Je dôis remercier Miaouss et les deux imbéciles qui l'accompagnent, ils méritent une promotion!" Et notre joie démesurée alors que ce sale matou miteux venait de nous insulter gratuit'ment "OUIIIII!!! On est des escrocs, des menteurs, des voleurs mais bientôt on s'ra riiiiiiche!!!!!", je nous voyais encore feuilleter des magasines de bricolage en imaginant un nouveau super robot, et notre cabane, notre fierté quand on tenait ENFIN Pikachu... puis non. "Une fois d'plus la Team Rocket s'envole vers d'autres ciiiiieux... (Quuuuulbuuutoké!)" Nos trous, nos sous marins... La montgolfière Miaouss... et James répliquer après moi... "Bien sûr, c'est l'amie de notre destin!" "Comme dans ma chambre ou dans mon bureau". Il avait le don pour toujours trouver la rime appropriée
"-Maman...?
-QUOI?!"
C'était plus fort que moi, je commençais à pleurer, oh non mais qu'est ce qu'fichais?! Mais j'y étais pour rien, c'était trop dur...
"-Qu'est ce qui s'passe, tu veux qu'on s'arrête?..."
Il fallait que j'me reprenne! J'avais épongé grossièrement mes larmes en vérifiant que mon mascara ne coule pas dans le rétro, évidemment...
"-C'est rien, je... je crois que j'fais une allergie... Tu peux me passer hm, un mouchoir? Dans la boîte à gants.."
Victoire me regardait d'travers comme si j'étais un extraterrestre, mais elle n'avait pas moufté et m'avait passé un mouchoir. Apres tout, c'était crédible cette histoire d'allergie, au printemps avec tous ces arbres, et...
"-Manman illé ou qubutoké...?"
J'avais sursauté puis levé les yeux au ciel : quelle question bizarre et complètement stupide. Oliver portait bien trop d'attention à ce bulbe pour que ce soit sain...
"-Hein..? Euh oui... Il est à la maison j'ai... j'ai pris que Banshitrouye..."
Je tentais de rester calme mais en réalité ça n'allait pas du tout, et avec toute cette histoire je n'avais même pas remarqué qu'on était deja arrivé...
"-C'est là maman, la maison avec des tuiles oranges! Mais... tu veux pas appeler papa, je suis pas trop sereine que tu conduises si t'as les yeux comme ça..."
"-Si, si... Je vais l'appeler mais vas y, je... je vais appeler papa..."
Elle me regardait d'un air vraiment inquiet
"-T'es sûre que ça va ? Tu veux pas rentrer avec moi? Ses parents diront rien je pense, viens au moins prendre un verre d'eau et un doliprane, allez maman ca me rassurerait..."
POV Victoire
J'étais réellement inquiète pour maman, franchement c'était pas normal de pleurer en écoutant Taylor Swift (même si cette nunuche était un peu agaçante, je l'admet), mais l'envie de la confronter aux parents de Clyde était plus forte que moi...
"-Non ça va, j'ai encore des courses à faire..."
Elle tremblait et tout, sérieux c'était beaucoup trop bizarre, j'étais à deux doigts d'appeler papa moi-même pour qu'il vienne la chercher.. Roh et puis mince mon enquête avançait trop bien, il fallait qu'elle rapplique et que je la confronte avec les parents!
"-Allez maman, viens j'm'inquiètes là..
-J'ai tout c'qu'il faut dans mon sac, allez file... Je viendrai te chercher quand tu m'appellera, à tout à l'heure..."
Et j'avais accepté, à contre cœur..
"-Bon... à tout à l'heure alors... Je t'appelle."
En réalité, j'avais la boule au ventre d'aller chez Clyde, mais j'avais pris sur moi, avançant prudemment, longeant les haies jusqu'au petit portail que j'avais poussé avec un faux semblant de certitude...
POV Butch
POV Clyde
POV Thelma